Soumission chimique, Johnny Depp à Cannes et agression mortelle au CHU de Reims, c'était il y a un an !
On vous embarque à la découverte des sujets qui faisaient l'actu il y a un an tout pile entre l'agression mortelle d'une infirmière au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Reims et les cas recensés de soumission chimique.
Salut les Rembobineur⸱euses ! À peine le temps de se remettre des émotions de la précédente newsletter, dans laquelle on revenait sur l'enquête des médias Alterconomia et Inkyfada sur les violations des droits humains que certain⸱es migrant⸱es subissent dans les centres de rétention italiens, que c'est déjà le retour de la newsletter Retour à la Une.
Cette semaine, comme à notre habitude, on vous embarque à la découverte des sujets qui faisaient l'actu il y a un an tout pile et là encore, pas de quoi se réjouir - c'est le moins qu'on puisse dire -, entre l'agression mortelle d'une infirmière au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Reims et les cas recensés de soumission chimique. Pourtant, il y a un an, nos confrères et consœurs de la presse locale et nationale mettaient également en lumière quelques lueurs d'espoir, comme ces entreprises qui s'essaient à la semaine de quatre jours ou ces couples homosexuels célébrés à l'occasion des dix ans du mariage pour tous. Mais on vous en a déjà trop dit et sur ces quelques mots, on n'a plus qu'à vous souhaiter un bon rembobinage !
Toutes les deux semaines, on revient sur les Unes de l'actualité d'il y a un an. On rappelle la déclaration qui a enflammé les plateaux télé, le marronnier que l'on voit trop souvent, et aussi ces sujet-surprises que l'on n'attendait pas. On se questionne sur nos obsessions du moment et comment elles ont évolué depuis.
La semaine suivante, Rembobine mesure l'impact d'une enquête sur la société. L'objectif : comprendre pourquoi elle a émergé, se questionner sur ce qu'il s'est passé depuis, et pourquoi pas la remettre au cœur du débat. Pour en savoir plus, rendez-vous sur notre site !
🤯 Vu et revu : ce qui était à la Une il y a un an
À tort ou à raison, on en parlait énormément. Vous en rappelez-vous ?
👩⚕️Stupeur —Vous vous en souvenez sûrement. Le 22 mai 2023, Carène Mezino, infirmière au CHU de Reims (Marne), est poignardée en plein service. La mère de famille décède de ses blessures le lendemain et l'émotion gagne la France. Depuis, l'auteur présumé des faits a été mis en examen pour assassinat et tentative d'assassinat. Alors qu'une première expertise psychiatrique a conclu à l'abolition du discernement au moment des faits, la famille de la victime attend toujours les résultats de la contre-expertise. Dans l'attente, le frère de la victime a également adressé en avril dernier une lettre ouverte au président de la République, dans laquelle il demande des « réponses » sur les avancées de l'enquête.
👩❤️👩 Joyeux anniversaire ! — Dix ans tout pile après la promulgation de la loi autorisant le mariage pour tous, adoptée le 23 avril puis promulguée le 17 mai 2013, une partie de la presse locale est à la fête, comme en témoigne cette Une de La Marseillaise. Et la presse locale n'a pas été la seule à célébrer cette première décennie du mariage pour tous, au cours de laquelle plus de 70 000 couples homosexuels se sont dit oui, d'après les données de l'Insee arrêtées fin 2022. Pour les 10 ans du mariage pour tous, les éditions de la revue féministe La Déferlante ont par exemple sorti le très bel ouvrage Et l'amour aussi, dans lequel la photographe Marie Docher part à la rencontre de lesbiennes à travers la France, qui témoignent de leurs vécus dans de très beaux récits intimes.
🏫 Visée touchée — On en parlait dans l'une de nos précédentes éditions : en mars 2023, le maire de Saint-Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique), Yannick Morez, est victime d'un incendie criminel à son domicile pour avoir voulu installer un Centre d'accueil pour demandeurs d'asile (Cada) sur sa commune. Une violence à l'encontre des élu⸱es qui se poursuit, comme s'en inquiète Ouest France, après que la mairie de Longeville-sur-Mer a fait l'objet de tirs d'arme à feu le week-end du 8 mai 2023. Quelques jours après, un voisin a avoué être l'auteur des tirs, témoignant avoir tiré « sous l'effet de l'alcool et de la colère ». « Il ne faut pas faire d'amalgame avec ce qui s'est passé pour le maire de Saint-Brevin », avait alors insisté la gendarmerie, comme le relatait à l'époque France Info.
🌟 Le choix de la rédaction : Soumission chimique, un fléau méconnu
Le sujet qu'il fallait suivre
[TW : cette partie de la newsletter traite de violences sexuelles et de viols]
Mai 2023. Le Parisien Aujourd'hui en France fait sa une sur un sujet d'une importance capitale, et pourtant encore peu connu : la soumission chimique, cet acte qui consiste à droguer une personne à son insu pour abuser d'elle sexuellement ou financièrement sans qu'elle puisse en avoir conscience.
Un sujet mis à l'ordre du jour par le quotidien national au moment où débute une campagne exclusive de sensibilisation à la soumission chimique, portée par Caroline Darian, dont la mère a été droguée par son père pendant des années et livrée, inconsciente, à des hommes qui abusaient d'elle.
Un an après le lancement de cette campagne de sensibilisation à la soumission chimique, connaît-on mieux ce sujet encore peu discuté ? Le père de Caroline Darian a t-il été condamné ? Des avancées ont-elles été observées pour mieux protéger les victimes ?
Découvrez notre focus de la semaine en détail sur notre site :
🤌 Le moulin à paroles
Une déclaration qui a pris beaucoup de place dans l'espace médiatique
L'audace n'a, semble-t-il, pas de limite. On rembobine. En 2018, l'actrice américaine Amber Heard publie une tribune dans le Washington Post dans laquelle elle se dit victime de violences conjugales, sans pour autant citer de nom. Quatre ans plus tard, en 2022, le procès en diffamation intenté par Johnny Depp contre son ex-épouse fait l'objet d'une couverture médiatique sans précédent. Sur la toile, les internautes s'emparent massivement du sujet, tant et si bien qu'entre l'ouverture du procès en avril 2022 et le verdict en juin, le procès fait l'objet de pas moins de 32 millions de tweets, nous apprend France Inter. Des tweets opposant les défenseurs de l'acteur de Pirates des Caraïbes aux militant⸱es féministes, qui s'insurgent contre le traitement médiatique et juridique de l'affaire, autant que du cyberharcèlement dont Amber Heard fait l'objet.
L'année suivante, en mai 2023, la présence de Johnny Depp à l'ouverture du festival de Cannes pour Jeanne du Barry (le film de Maïwenn dans lequel l'acteur tient le premier rôle) fait donc sans surprise couler beaucoup d'encre. Pourtant, lorsque Karim Rissouli l'interroge sur le plateau de C ce Soir à propos de la présence de l'acteur au festival de Cannes, le délégué général du festival de Cannes, Thierry Frémaux, l'assure : « S'il y a quelqu'un au monde qui ne s'est pas du tout intéressé au procès qui a opposé [Johnny Depp] à son ex-femme, c'est moi, donc je n'étais pas du tout au courant. »
Une réaction qui ne manque pas d'interloquer sur le plateau. « Vous ne lisez par les journaux ? Ça a fait la une de toutes les télévisions du monde entier Thierry. Vous ne pouvez pas dire que vous n'étiez pas au courant », lui rétorque la journaliste Laure Adler, ce à quoi le directeur général du festival de Cannes répond simplement : « je m'en fous un peu ».
Et après ⏪
Rapidement, les réactions se font vives. Le pure-player féministe Madmoizelle parle notamment de « gifle dans la figure de toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles », tandis qu'Ariane Labed, actrice, réalisatrice et fondatrice de l'Association Des Acteurices de lutte féministe et antiraciste dans le cinéma (Ada), avance sur le plateau d'Arrêt sur Images que « ce qui me met le plus hors de moi, c'est d'entendre Frémaux dire qu'il s'en fout alors que pour toutes les victimes de violences sexuelles et sexistes, c'est une baffe dans la gueule ».
Quelques jours avant, une centaine d'acteur⸱rices avaient signé une tribune dans Libération fustigeant le fait que « en déroulant le tapis rouge aux hommes et aux femmes qui agressent, le Festival démontre que les violences dans les milieux de création peuvent s'exercer en toute impunité ».
Cette année, le festival se déroule du 14 au 25 mai. Alors que Thierry Frémaux a annoncé avoir « décidé de faire un Festival de Cannes sans polémique », le sujet des violences sexistes et sexuelles s'invite une nouvelle fois sur le tapis rouge, n'en déplaise au directeur général du Festival.
Judith Godrèche, devenue l'une des figures de proue du mouvement #MeToo en France après avoir porté plainte pour viols et violences sexuelles ou physiques contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon, a monté les marches le mercredi 15 mai pour présenter son court-métrage Moi aussi. Un court-métrage en forme d'hommage aux milliers de personnes qui lui ont écrit pour témoigner des violences sexuelles dont elles ont été victime.
À la veille de l'ouverture du Festival, l'actrice avait également pris part, aux côtés d'une centaine de personnalités du cinéma, à une manifestation devant le Centre national du cinéma (CNC) pour réclamer l'éviction de Dominique Boutonnat, actuel président du CNC accusé d’agression sexuelle sur son filleul.
🦶 Les pas de côté : ces actus que l'on n'attendait pas
Pour finir sur une note plus originale, on vous propose de découvrir quelques Unes qui nous ont surpris
🇵🇭 Esclave moderne — Mai 2023. Le quotidien Libération publie en plusieurs épisodes l’histoire d'une « esclave moderne », une Philippine de 45 ans qui a vécu douze ans enfermée par un couple de riches Franco-Libanais en région parisienne. De son évasion à ses premiers mois de vie en liberté, l'histoire que retrace le journal n'a rien perdu de son actualité, alors que la communauté philippine continue à être exploitée partout dans le monde.
👶 Childfree — On ne le répétera, semble-t-il, jamais assez : les femmes sont tout aussi légitimes que les hommes à ne pas vouloir d'enfant. Un sujet encore tabou que le quotidien Le Courrier Picard a pourtant décidé de mettre à l'honneur en donnant la parole à des femmes qui ne désirent pas d'enfant. Une initiative que l'on ne peut qu'encourager alors qu'en 2024, 52% des femmes pensent qu'on attend d'elles qu'elles aient un enfant, comme le souligne le dernier rapport sur l’état des lieux du sexisme en France du Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes, repris par Notre Temps.
💼Travailler moins pour... — Faut-il ou non passer à la semaine de quatre jours ? Le sujet fait débat. En France, certaines entreprises s'y essaient pourtant, comme le montre ce reportage de Ouest France paru il y un a tout juste un an. Un sujet qui revient d'autant plus sur la table qu'en mars dernier, lors de son passage au 20h de TF1, Gabriel Attal a annoncé une large expérimentation de la « semaine en quatre jours », ce qui (attention !) signifie non pas une réduction globale du temps de travail, mais une concentration des heures de travail sur quatre journées.
Rembobine est un jeune projet indépendant. Il ne vit que grâce à vos partages et vos retours. Né d'ateliers d'éducation aux médias où l'on disait « les journalistes en font des caisses sur un sujet, et la semaine d'après, on en parle plus », il tente de montrer que le journalisme peut avoir de l'impact sur la société.
Sur ce, on vous laisse là pour cette semaine. N'hésitez pas à partager ce mail à vos ami·es, familles et collègues, vous êtes nos meilleur·es ambassadeur·rices !
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