Paris 2024 et ses ouvriers sans-papiers
Sur le site du village olympique (conçu pour accueillir 14 000 athlètes et leurs staffs) en Seine-Saint-Denis, près de Paris, des sans-papiers de diverses nationalités africaines occupent les emplois les plus précaires.
Le quotidien français a rencontré dix sans-papiers maliens qui ont travaillé sur différents chantiers pour différentes sociétés sous-traitantes, dont des grands noms de la construction comme Vinci GCC Construction ou Spie Batignoles. Sur ces chantiers censés servir de vitrine sociale à la France en 2024, l’Inspection du travail a recensé plusieurs dizaines de personnes travaillant sans papiers.
À travers ces chantiers, c'est tout le système d’exploitation des travailleurs sans papiers, auquel participent aussi bien des petites PME que les grandes entreprises, qui est mis en lumière. Ce système s’appuie sur une mécanique bien huilée dont profitent en particulier les géants du secteur du BTP sans courir le risque d’être attaqués en justice. Ils ont principalement recours à un système de sous-traitance dit « en cascade » auprès d’entreprises étrangères.
Que s'est-il passé depuis les révélations de Libération ?
Des ONG comme la Cimade ont pris la défense des migrants employés au noir sur les sites olympiques et dans d’autres secteurs, et réclament leur régularisation. À l’occasion de la Journée internationale des migrants, le 18 décembre 2022, elles ont pris part à des marches à travers plusieurs villes de France aux côtés des travailleurs sans-papiers.
Après une première salve de régularisation d’une dizaine de personnes en juin 2022, la préfecture de Seine-Saint-Denis a étudié 150 dossiers avant de régulariser 131 travailleurs en mars 2023, expliquait Actu Seine-Saint-Denis.
Dix travailleurs sans papiers, ayant travaillé sur les chantiers des Jeux olympiques de Paris 2024, ont assigné des géants du BTP devant le conseil de prud'hommes de Bobigny (Seine-Saint-Denis) en juin 2023.
Le chantier de la future Arena à la porte de la Chapelle a été brièvement occupé, vendredi 1er décembre 2023 par des manifestants. Ils protestent contre la décision de Bouygues de refuser que les travailleurs sans-papiers ayant déposé en préfecture une demande de permis de séjour "reviennent travailler sur son 'chantier exemplaire'", selon la Confédération nationale des travailleurs-Solidarité ouvrière (CNT-SO).
Comment suivre le sujet des travailleurs sans papiers ?
Le collectif « Ensemble contre la traite des êtres humains », dont plusieurs associations comme la Cimade sont membres, a lancé fin janvier sa campagne de sensibilisation à l’occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024. Il mène des actions de plaidoyer pour les migrants, réfugiés et déplacés en France.
L’Observatoire pour la Recherche sur les Méga-Evénements initié au sein de l’université Paris-Est est une plateforme qui fédère plusieurs dizaines de chercheurs dont les travaux portent sur l’héritage d’événements sportifs comme les JO à Paris en 2024 ou la Coupe du monde de rugby en 2023.
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