Bachar-Al-Assad, le retour du boucher
Avec la guerre en Ukraine, l’attention médiatique s’est un temps détournée de la Syrie et d’un conflit qui était à la une pendant des années. Pourtant, la position stratégique du pays, les liens du régime avec Moscou et la régionalisation du conflit israélo-iranien l'ont replacé au coeur des enjeux.
Avec la guerre en Ukraine, l’attention médiatique s’est un temps détournée de la Syrie et d’un conflit qui était à la une pendant des années. Pourtant, la position stratégique du pays, les liens du régime avec Moscou et la régionalisation du conflit israélo-iranien l'ont replacé au coeur des enjeux. Libération avait eu la bonne idée d'en faire sa Une le 3 février 2023.
Que s'est-il passé depuis ? État des lieux de la situation en Syrie
Bachar Al-Assad, le président syrien est resté remarquablement discret depuis le 7 octobre et l'attaque du Hamas sur Israël.. Selon le quotidien libanais L'Orient - Le Jour repris par Courrier International, cette discrétion s'explique par la complexité de la situation interne à laquelle il est confronté, sa volonté de surfer sur sa réhabilitation régionale et son ressentiment envers le mouvement palestinien.
Au moins 4 360 personnes, dont près de 1 900 civils, ont été tuées en 2023 dans un conflit qui s'éternise depuis 2011, a annoncé dimanche 31 décembre l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). En 2022, l'Observatoire avait présenté un bilan de 3 825 morts comme le plus bas depuis le début de la guerre en Syrie.
Le conflit en Syrie a fait plus d'un demi-million de morts depuis 2011 et a morcelé le pays, où plusieurs puissances et acteurs sont impliqués. Le régime de Bachar al-Assad a repris le contrôle d'une grande partie du territoire avec l'appui de ses alliés russe et iranien, mais les forces kurdes syriennes contrôlent de vastes régions du nord et nord-est.
Le 1er janvier 2024, les Nations unies ont cessé leur aide alimentaire dans le pays. La distribution par le Programme alimentaire mondial de denrées concernait jusqu’à 5,6 millions de Syriens, soit l’équivalent de 25 % de la population d’avant-guerre. L’arrêt de cette contribution au 1ᵉʳ janvier ne manquera pas d’aggraver la misère sociale. En décembre, le plan de réponse humanitaire des Nations unies pour la Syrie en 2023 n’avait reçu que 33 % des financements requis. La pandémie de coronavirus, puis l’éclatement de la guerre en Ukraine et la guerre à Gaza, où les besoins de la population palestinienne ont bondi, ont fait passer le pays au second plan et diminuer le flux d’aide.
🧰 Comment mieux suivre le conflit en Syrie ?
Vous pouvez suivre les travaux de l'analyste Émile Bouvier, chercheur indépendant et cartographe, spécialisé sur le Moyen-Orient. Il publie fréquemment des analyses sur le site Les Clés du Moyen-Orient.
Il faut absolument consulter les contenus [en anglais] du SIRAJ (Syrian Investigative Reporting for Accountability Journalism). Cette ONG forme les journalistes syriens aux méthodes du journalisme d'investigation et les dote des moyens de développer des enquêtes, écrites, sonores ou vidéo sur la cause syrienne à l'intérieur du pays et à l'étranger.
La Syrie est évidemment un terrain complexe et intéressant pour le journalisme d'investigation. Le Global Investigative Journalism Network a publié plusieurs articles à propos du pays [en anglais]. On y apprend des choses fascinantes, comme la façon dont les journalistes se servent du data journalisme pour couvrir la guerre et les conflits, mais on y découvre aussi des enquêtes fascinantes sur les crimes de guerre russes ou les affaires illégales du régime.
N'hésitez pas à nous dire vous aussi quels sont les meilleures ressources que vous connaissez sur le sujet. Nous les ajouterons à la suite de l'article.
Rembobine, le média qui lutte contre l'obsolescence de l'info Bulletin
Inscrivez-vous à la newsletter pour recevoir les dernières mises à jour dans votre boîte de réception.