đź’° Pandora Papers, plus c'est gros, plus c'est cash #11
Table des matières
Salut amateur·trices de l'info qui faisait l'actu !
Cet édition revient sur la plus grande collaboration entre journalistes d’investigation jamais menée, que ce soit par le nombre de journalistes mobilisés, près de 600 à travers le monde, que par le quantité de données à analyser : 3 téraoctets de documents divers. Cette investigation, ce sont les Pandora Papers. On ne va pas revenir de façon exhaustive sur l'enquête et ses répercussions, mais plutôt vous aider à vous rappeler de ce gros morceau, à vous y retrouver et à découvrir quelques petites choses.
L'enquĂŞte : les Pandora Papers đź‘€
Il y a un an, Le Monde et l'ICIJ, le Consortium international des journalistes d’investigation regroupant 150 médias internationaux, révélaient les Pandora papers. C'est le résultat de leurs enquêtes, qui reposent sur la fuite de près de 12 millions de documents confidentiels, transmis par une source anonyme, provenant de quatorze cabinets spécialisés dans la création de sociétés offshore dans les paradis fiscaux (Dubaï, îles Vierges britanniques, Singapour, Panama, les Seychelles…).
Cinq ans après les « Panama Papers », l’enquête révèle comment une économie parallèle a été créée par des banques internationales, des cabinets de consultants juridiques, à l’aide de sociétés offshore situées dans des paradis fiscaux. La plus grande collaboration entre journalistes d’investigation de tous les temps révèlent les secrets financiers de 35 dirigeants mondiaux en poste au moment de la publication et passés, de plus de 300 hauts fonctionnaires dans 90 pays, mais aussi de banquiers, de stars, de criminels, etc. Difficile d'ailleurs de s'y retrouver dans les personnes cités. C'est sans doute sur Wikipédia qu'il est le plus facile de s'y retrouver.
💥 L'enquête a-t-elle fait évoluer la situation ?‌
D’après le Monde, partenaire de l’ICIJ, 600 Français apparaissent parmi les dizaines de milliers de sociétés offshore. Dès le lendemain de la publication, Bercy réagit. Bruno Le Maire annonce lancer des vérifications concernant la présence ou non de résidents fiscaux français parmi les personnes épinglées dans la presse.
Un article de CheckNews détaille par ailleurs les suites judiciaires possibles en France. Les informations révélées par le Monde et les médias partenaires serviront uniquement de base pour les enquêtes et potentiels contrôles fiscaux. Les journalistes ne fourniront pas plus d'éléments, les éléments sortis des Pandora Papers ne pourront constituer un élément de preuve pour la Direction générale des finances publiques (DGFIP). Elle devra donc retracer l'enquête depuis le départ.
«[Après les Panama Papers], 115 dossiers sur 600 (entre 15 et 20%) ont donné lieu à des rectifications pour un montant de 167 millions d’euros, constitué de droits et pénalités, de régularisation.»
— Jérôme Fournel, directeur de la DGFIP à CheckNews.
Les Pandora Papers ne sont pas le premier scandale concernant l'évasion fiscale. Offshore Leaks, Panama Papers, Paradis Papers, LuxLeaks, ou Open Lux, on ne tombe plus des nus. Et depuis les premières révélations, des dispositions ont été prises. Thierry Lambert, professeur de droit fiscal, Aix-Marseille Université détaille ce qui a déjà été fait, ce qui se fait actuellement, ce qu'il reste à faire dans un article de The Conversation.
🌪️ Quelles répercussions sur la société ?
En attendant des réformes des systèmes fiscaux et financiers qui empêcheraient ce genre de pratiques, l'économiste Pauline Grosjean, discutait de l'impact moral de la corruption politique, dans une tribune dans Le Monde. Elle s'appuie sur une étude de la Barcelona Graduate School of Economics. Les auteurs ont observé les vols dans une grande chaîne de supermarchés italienne en ayant accès à 260 000 contrôles réalisés auprès des clients. Ils ont observé le comportement des clients lorsque des scandales locaux éclatent dans les journaux.
La probabilité de vol dans un supermarché augmente de 30 % pendant au moins quatre jours après la révélation d’un scandale politico-financier.
« Contagious Dishonesty : Corruption Scandals and Supermarket Theft », Giorgio Gulino et Federico Masera, Working Paper n° 1267, Barcelona Graduate School of Economics, 2021
Boîte de Pandore… des complotistes
Aujourd'hui, les Pandora Papers sont encore un sujet de discussions sur Twitter. Et étonnamment (ou non), ce sont en grande majorité des comptes complotistes qui font vivre le #PandoraPapers. La raison de cet engouement : la présence dans les personnalités publiques impliquées du président ukrainien Volodymyr Zelensky, révélée par l’agence d’investigation journalistique ukrainienne Slidstvo Info. Lui et son entourage proche étaient effectivement les bénéficiaires d'un réseau de sociétés offshore, dont certaines possédaient des propriétés coûteuses à Londres.
C'est oublié cependant que l'entourage du président russe Vladimir Poutine est lui aussi copieusement cité dans les fuites. L'ICIJ révèle également que les russes cités dans les scandales ont mis une grande partie de leurs avoirs à l'abri des sanctions financières qui secouent l'économie Russe, avec l'aide de cabinets européens ou américains.
On vous propose donc les deux articles les plus complets sur les deux hommes d'Etat.
📰 Quelle actualité en même temps que l'enquête ?
Le rapport sur les violences sexuelles dans l'Eglise fait à juste titre grand bruit, quand pendant ce temps-là , les énergies sont autant un sujet de discorde et de polémiques pour le vent que de réélection pour le nucléaire.
Rembobine, le média qui lutte contre l'obsolescence de l'info Bulletin
Inscrivez-vous à la newsletter pour recevoir les dernières mises à jour dans votre boîte de réception.